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Ecologie et environnement Algérie/Skikda

Mon blog sera consacré à la défense de l'environnement, à l'interpellation de notre société (Algérie) pour la sensibilisation de l'homme à la fragilité de la nature. Même en solo via ce blog, je milite pour la protection de la nature. "Il y a une légende amérindienne qui raconte comment un colibri, ce tout petit oiseau, lors d’un feu de forêt, faisait des allers-retours à la source d’eau pour éteindre l’incendie. Tous les autres animaux de la forêt, atterrés, la regardaient brûler et observaient le colibri s’affairer. Puis le tatou moqueur lui dit : « Tu perds ton temps, ce n’est pas avec ces quelques gouttes que tu vas arrêter le feu, colibri ! ». Le petit oiseau lui répond : « Je le sais, mais je fais ma part. »." Et bien moi M Mouats Hafid originaire de Skikda/Algérie, je fais ma part. Bonne visite à mon blog.

Skikda (et d’autres villes) a perdu beaucoup de belles choses.

Un jour un ami sur Facebook de ma ville m’a fait cette remarque : « non Hafid, il ne faut pas poster des photos qui ternissent l’image de notre pays car les étrangers nous observent ». Il y a du bon sens dans ces propos. L’ami vit au Canada, il a des amis là-bas, donc ça le gêne un peu mes photos qui « ternissent l’image du bled ». Il m’arrive de poster aussi de belles photos du pays mais hélas … nejmou nekedbou a3la rouahna mais pas sur les étrangers à l’aire du satellite google Earth on ne peut mentir. Ils savent tout de nous. En plus, je poste des photos et des articles pour alerter le citoyen et les pouvoirs publics sur la dégradation morale et matérielle que j’observe quotidiennement.

Aujourd’hui, je vais m’exprimer sur ce que ma ville Skikda a perdu depuis exactement l’indépendance du pays. « L’isti3mar Allah lè irodo », Ils ont certes construit de belles choses pour eux et rien que pour eux, sauf pour les quelques rares autochtones (ceux qui vivaient de leurs biens depuis l’époque Ottomane où bien ceux qui avaient de la chance et peut être l’audace d’avoir une place sous le joug colonial. Comme les collabos de l’Algérie française où de très rares surdoués lettrés, qui avaient pu ou su profiter de l’ordre colonial.

La Mitidja de Skikda :
Skikda avait deux plaines avec des terres fertiles qui appartenaient à cent pour cent aux colons, ce sont la plaine du Safsaf et du Zeramna, du nom des deux rivières qui traversent une partie de la nouvelle ville et la périphérie sud/Est. Ces plaines nourrissaient en agrumes et fruits toute la région de Skikda, au point où cette région exportait sa sur - production vers la France et vers d’autres pays d’Europe et cela jusqu’au début des années 70. Il y avait deux énormes marchés de gros, démolis par la bêtise humaine au même moment que l’arrêt des exportations des fruits et légumes.

La manufacture de pipes de bruyère :
Les meilleurs pipes pour tabac au monde étaient fabriquées à Skikda dans les établissements « Vassas » au faubourg, en face de l’église Sainte Térèse ( Serdouk), qui heureusement existe encore. La manufacture était productive jusqu’au jour où une entreprise nationale prenait place (l’ex SNMC) et changea sa vocation. Les ouvriers et artisans hautement qualifiés ont été mis à la retraite et l’activité fut recyclée puis anéantie. Où sont les machines de cette fabrique ? Et tout le personnel spécialisé des pipes de Philippeville », qui étaient exportées jadis aux USA et en Grand Bretagne ? Je signale que les vestiges romains de l’ancien musée étaient déposés dans cette fabrique où beaucoup d’objets ont disparu ou ont été brisés.

Les pépinières et les fleuristes :
Pleines de pépinières d’agrumes et de fruits (des mechetalas) étaient implantées dans les plaines de Skikda, on réimplantait les arbres solides et les prémices des légumes de la région même. Quant aux fleurs il y a avait des champs spécialisés, dont, un centre de recherche pour floraison qui se situait dans un ex domaine à la place de la SNTV, gare routière actuelle. Des Vendeurs de fleurs étaient partout et de nos jours il ne reste aucun fleuriste. Si vous voulez acheter des fleurs il faut y aller sur la route « d’El hadayek, les jardins » (un joli nom) et où sont exposées des fleurs artificielles à acheter et de rares fleurs naturelles souvent fanées. Il y avait aussi une pépinière de fleurs collée au lycée Ennahda qui a disparu.

Les fruits de mer et le marché de poisson de Skikda :
Tout le long de la rue du « marché franssis » il y a avait des vendeurs de fruits de mer, là où je me suis égaré quand j’avais 3 ans, pourtant non loin de « Dar kourdina, la maison de Cordina, Galbois » où j’habitais, c’était mon grand frère Saïd qui m’avait trouvé en pleurs. J’étais fasciné par cette rue des fruits de mer, d’où peut être la cause de mon égarement ? Bref… il y avait dans des corbeilles toutes les variétés : des escargots de mer, des haricots de mer, arapelles, anchois préparés, oursins, poulpes, seiches et d’autres sortes de coquilles. Sans omettre le marché du poisson qui n’existe plus de nos jours.

La pâtisserie et les marchands ambulants de Skikda :
La communauté de colons latins nous a laissé un savoir faire en matière de pâtisserie et de pizza. Notre ville était réputée pour ça. Les vieux sont partis et les arômes de gâteaux avec ; On ne fait plus de vraies mille- feuilles, de vrais choux et éclairs, de castels, de cigares russes, de gâteux palmiers, de flan vanillé, pain aux raisins secs, de croquants au raisin etc.… Et même la pizza (la pitsse Skikdiya) et les caldis ont perdu de leur goût. Il n ya plus de marchands ambulants de pizzas et de brioches skhounines avec le charbon et avec el krarass en blanc.

Le marbre de Filfila :
La montagne de marbre de Filfila a cessé de produire. Jadis ce marbre avec lequel à l’époque romaine on érigeait des temples, des forums, des statues de dignitaires et autres choses utiles au bien être des hommes et des femmes, hélas… lui aussi se fait rare, à peine deux artisans à Skikda pour ce noble métier.

L’élégance et le raffinement des Skikdis :
Le Skikdi « kèn hozi ». il cirait ses chaussures, mettait de la gomina ( gel naturel) sur ses cheveux, s’habillait en bleu marseillais avec le polo marin, son béret basque, sa démarche et son allure fière, il parlait à haute voix, blagueur et même vulgaire… un look d’un latin avec une touche de paysan de la ruralité (en effet Skida a été fondé par les colons) ; tous les vieux de l’époque s’habillaient en leb’sa traditionnelle et « sobat ighazghaz », dik la grosse moustache tombante qu’ils retournent sous les doigts et qu’ils exhibent avec « rojla » et « horma », spedrina ou leklakita ferjel, naturellement "el qabsa ta3 echemma" toujours à la main et enfin la bagarre pour étaler leur virilité et leur « rojla » où chaque quartier avait son « chikour ». Tout ce cliché a disparu, il ne reste que cet accent Skikdi particulier, que personne ne connait d’où il vient. On continu a féminiser les hommes par les «entchi », en s’adressant aux hommes, klitchi, chrabtchi, skertchi, rouhtchi etc… ». Et on nous appelle ailleurs toujours « houitcha » « el mach’horine bel mouss crandari ». La police marseillaise connaissait bien le pickpocket de Philippeville » Wouallah j’ai vu un jour un documentaire tv sur une chaine française sur le sujet qui montre carte à l’appui où se situe Skikda, d’où viennent ces spécialistes Skikdis du « vol à la tire ». Of ! C’était dans le passé, le Skikdi depuis s’était métamorphosé.

A suivre …

Mouats Hafid, le 21 02 2015

Skikda (et d’autres villes) a perdu beaucoup de belles choses.
Skikda (et d’autres villes) a perdu beaucoup de belles choses.
Skikda (et d’autres villes) a perdu beaucoup de belles choses.
Skikda (et d’autres villes) a perdu beaucoup de belles choses.
Skikda (et d’autres villes) a perdu beaucoup de belles choses.
Skikda (et d’autres villes) a perdu beaucoup de belles choses.
Skikda (et d’autres villes) a perdu beaucoup de belles choses.
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Skikda (et d’autres villes) a perdu beaucoup de belles choses.
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